drame - fiction sentimentale ou inspirée de faits réels

La petite boite en fer bleue

Temps de lecture estimé : 8 minutes

Déclinaison d’une histoire courte en dix versions différentes . Quelle est votre version préférée ?

Première version 

À la mort de Paul, mon frère, mon ami, mon complice, mon amant, la dépression m’a entrainée dans les bas-fonds de mon âme, plus rien ne me retenait, je me laissais glisser dans le désespoir lorsqu’une amie m’a suggérée de retrouver les souvenirs de mon enfance ; je me suis souvenue de la petite boite en fer bleue que nous avions enfouie au fond du jardin, je l’ai déterrée et j’ai relu avec nostalgie les secrets que nous y avions déposés : cette petite boite a agi comme un baume apaisant ; aujourd’hui, j’ai créé l’entreprise de nos rêves et repris goût à la vie.

1/ Narrateur rapproché aligné sur un personnage.

Marie, il était temps pour moi de tirer ma révérence. Je n’avais plus la force de résister, ni de combattre. Je t’ai donc abandonnée. Oh Marie ! Toi, mon amie, ma soeur, ma complice, mon amante. Nous nous sommes tant aimés. Aujourd’hui, tu es sûrement triste et désespérée mais souviens-toi que nous avons vécu de belles choses. Ecris un nouveau chapitre de ta vie. Garde une petite place pour moi dans ton coeur mais ne sombre pas. Raccroche-toi à nos rêves. Retrouve notre petite boite en fer bleue, elle sera la clé de ta nouvelle vie sans moi.

2/ Narrateur distancié

Marie, tu ne dois pas te laisser glisser. Tu dois reprendre ta vie en main. Cela fait maintenant six mois que Paul est parti. Je t’ai laissé du temps et je sais que Paul n’aurait pas voulu te voir dans cet état. Alors aujourd’hui, tu vas aller déterrer votre petite boite en fer bleue, celle que vous aviez enterré sous le pommier au fond du jardin et qui renferme tous vos secrets. Ce sera comme une page qui se tourne. Quand tu l’auras refermée, tu passeras à autre chose. Marie, je vais te redonner goût à la vie !

3/ Narrateur ignorant

Marie ne ressemble à rien avec ses cheveux emmêlés et son jogging difforme. Sa maison est fermée depuis six mois. Elle ne sort plus. Elle a dû perdre son travail ou elle fait un burn-out. De temps en temps, une jeune femme vient lui rendre visite mais elle repart avec un air triste. Que s’est-il passé ? 

Ce matin était un jour différent. Le jeune femme est venue. Elle avait l’air en colère. Elle a tambouriné sur la porte en appelant Marie d’une voix forte. Quand la porte s’est entrebâillée, elle est entrée. Elle a ouvert les volets et les fenêtres. Elles sont restées enfermées plusieurs minutes. Soudain, elles sont sorties. Elles sont allées dans le jardin. Quand elles sont revenues, Marie tenait une petite boite en fer bleue dans ses mains et elle pleurait. Je me demande bien pourquoi…

4/ Narrateur omniscient

Voilà six mois que Paul, l’ami, le frère, le complice, l’amant de Marie est décédé. Depuis, Marie se laisse glisser dans le désespoir. Elle ne sort plus. Elle porte un vieux jogging difforme et ne prend plus soin d’elle. Elle était si belle Marie avant qu’elle ne sombre dans la détresse. 

Julia est inquiète pour son amie et elle ne sait pas comment l’aider à sortir de cette dépression. Elle voudrait lui redonner goût à la vie. Un jour, déterminée à sortir Marie de sa torpeur, elle lui rend visite. Lorsqu’elle pénètre chez Marie, elle commence par ouvrir volets et fenêtres, et prépare du café. Pensive, elle regarde par la fenêtre et aperçoit le pommier au fond du jardin. C’est un signe. Elle sait ce qu’elle va faire. Elle emmène Marie dans le jardin pour qu’elle retrouve la petite boite en fer bleue dans laquelle Paul et elle avaient enfermé tous leurs secrets. 

Marie sort la petite boite de sa cachette et regarde Julia. Une petite étincelle éclaire son regard. Elle est émue. Julia, elle, est ravie. Elle sait que c’est le début d’une rémission même si le chemin sera encore long.

5/ Narrateur : personnage principal triste et dépressif

Paul m’a quittée. La tristesse s’est emparée de moi. Mon chagrin est immense. Je n’ai plus goût à la vie. Tous mes rêves sont enterrés avec lui. À quoi bon continuer à vivre ? Rien ne me retient sur cette terre. Je suis seule, vide et creuse depuis que mon ami, mon frère, mon complice, mon amant m’a été arraché. Mon coeur est fissuré par la douleur. Quelle injustice ? Pourquoi lui ? Nous avions encore tant de choses à vivre. Nous étions si heureux. Je n’arrive pas à vivre sans lui. Je veux le rejoindre. 

Je suis seule assise sous le pommier du jardin. Mes larmes inondent mes joues. Je regarde notre petite boite en fer bleue, la seule chose qui me raccroche encore à lui. Ici, tous nos rêves, tous nos souvenirs sont enfermés. Aurais-je le courage de l’ouvrir un jour ?

6/ Narrateur : personnage secondaire inquiet mais déterminé

– Marie ! Marie ! Ouvre-moi ! hurlé-je en tambourinant à la porte.

Depuis plus de six mois, Marie refuse de sortir. Elle reste enfermée chez elle sans voir personne. Il faut que je la fasse réagir, elle ne peut pas, et ne doit pas rester comme ça.

Marie ouvre enfin ! Elle a une mine épouvantable, ses cheveux blonds sont emmêlés et elle porte un jogging difforme. Elle aurait besoin d’une bonne douche ! Elle s’écarte de la porte pour me laisser entrer. Le salon est sombre, les volets sont fermés, les rideaux tirés. Je me dirige directement vers les grandes baies vitrées pour faire entrer le soleil, j’ouvre les fenêtres, et je prépare un café.

– Marie, tu ne peux pas continuer comme ça ! Tu dois recommencer à vivre.

Marie est recroquevillée sur le canapé un coussin serré contre elle. Elle ne prononce pas un mot mais une larme glisse sur sa joue.

– Paul n’aurait pas voulu que tu restes comme ça.

Que puis-je faire pour la sortir de là ? Paul aide-moi ! Je regarde, pensive, le jardin. Soudain, en voyant le pommier, une idée surgit.

– Viens avec moi ?

Je la prends par la main et je l’entraine dans le jardin sous le pommier.

Marie me regarde surprise mais elle a compris. Elle commence à creuser lentement et balaie avec sa main les restes de terre. Elle attrape la petite boite en fer bleue dans laquelle Paul et elle ont enfermé tous leurs secrets. Elle ouvre délicatement le couvercle et sort un à un tous leurs souvenirs. Elle lève les yeux vers moi et murmure :

– Il me manque tellement…

7/ Narration fondée sur une manière de s’exprimer : l’emphase

Je la tiens enfin dans mes mains, notre petite boite en fer bleue. Quelle merveille ! Cette petite boite bleue est encore plus belle que dans mon souvenir ! C’est notre joyau ! 

Sous le pommier, au fond du jardin, nous l’avions enterrée, tu te souviens ? Nous avions soigneusement choisi cet emplacement, et nous nous étions fait la promesse de revenir ensemble. 

Aujourd’hui, je suis seule, terriblement seule, assise sous cet arbre, bercée par mon chagrin, et je contemple notre petite boite. 

Quelle souffrance ! Quelle détresse ! Quelle tristesse !

Ô Paul, toi qui fût mon ami, mon complice, mon frère, mon amant, pourquoi m’as-tu quitté ? Sans toi, ma vie s’est fissurée, mon coeur s’est vidé et le désespoir m’a emportée. Ma vie est dévastée ! C’est le chaos dans ma tête et dans mon corps ! Comment surmonter ce cataclysme ?

Six mois ont passé, c’est le temps qu’il m’a fallu pour avoir le courage d’aller la chercher, notre petite boite en fer bleue gardienne de nos secrets. 

8/ Personnages optimistes

Six mois ont passé depuis la disparition de Paul. Après avoir touché le fond, Marie, de nature volontaire et optimiste, a décidé de se prendre en mains. Grâce à Julia, elle a retrouvé la petite boite en fer bleue dans laquelle  Paul et elle avaient enfermé tous leurs secrets. Parmi eux, une jolie lettre de Paul lui a redonné l’espoir. Ils ont eu une énorme chance de se rencontrer. Ils ont vécu une folle passion, d’immenses moments de bonheur, ils ont été heureux mais elle doit maintenant écrire un nouveau chapitre de sa vie. Elle va créer l’entreprise dont ils ont rêvé : Chez Paul deviendra un agréable lieu de rencontre, un endroit cosy où tous aimeront se retrouver autour d’un bon verre de vin ou d’un café. Les murs seront tapis de livres, la décoration éclectique aura été chinée chez les antiquaires. Ce lieu sera à l’image de Paul, chaleureux, plein d’optimisme et de douceur de vivre. Marie souriante est prête à aller de l’avant. Elle lève les yeux vers le ciel et murmure tendrement : Merci !

9/ Narration révélant un travers

– Tu crois que Paul avait une assurance-vie ? demande Zoé à Julia. Sans attendre de réponse, elle poursuit :

– Si c’est le cas, Marie va empocher le pactole !

– Mais ça ne va pas de dire des choses pareilles !

– Je suis sûre qu’il était blindé de tunes ! Finalement, elle a de la chance Marie. Je comprends pas pourquoi elle est dans cet état. T’as vu sa maison ?

– Comment oses-tu ? s’indigne Julia.

– Ben quoi ? Il faut être réaliste. Elle n’a pas de souci à se faire Marie. D’ailleurs c’est surement pour ça qu’elle ne va plus travailler et qu’elle joue les veuves éplorées !

Julia regarde Zoé totalement abasourdie. Elle est sous le choc et ne parvient pas à réagir. Zoé insiste :

– Tu l’as vu sous le pommier avec sa petite boite en fer bleue. Elle m’aurait presque fait pitié. Mais on ne me l’a fait pas à moi. J’ai bien compris son petit jeu. Je suis sûre qu’elle n’est pas aussi triste que ça. Après tout, depuis le temps qu’ils étaient ensemble… il devait avoir une maitresse. Finalement c’est un mal pour un bien. Elle va en trouver un autre de mec ! 

Julia, excédée, se lève et quitte la pièce sans un mot.

– Qu’est ce qui lui prend ? Elle aurait au moins pu payer l’addition avant de partir ! s’offusque Zoé en la regardant sortir.

10/ Focalisation originale

Que se passe-t-il ? On dirait qu’il fait plus clair. Petit à petit, la lumière filtre, devenant plus intense. Enfin, le soleil apparait. Cela fait si longtemps que je n’avais pas ressenti la chaleur de ces rayons sur moi. Hum ça fait du bien, je me réchauffe.

Ouh la la, que se passe-t-il ? Qui me secoue ? Qui me bouscule ? Hé doucement ! Je ne vois rien. Je suis éblouie. Depuis combien de temps, étais-je enfermée ? Aucune idée !

Doucement, mon couvercle se soulève. Je m’habitue à la lumière du jour. Je perçois une ombre, puis des traits plus précis. C’est une jeune femme. Elle me tient délicatement dans ses mains. Qui est-elle ? Ce visage me dit quelque chose. C’est comme un lointain souvenir. Je réfléchis. Où est-ce que je l’ai vu ? C’était quand ? 

J’y suis ! C’est Marie. Ma Marie. Mais où est Paul ?

Tout me revient maintenant. Remplie de leurs secrets, ils m’avaient délicatement déposée sous le pommier au fond du jardin. Ils étaient tellement mignons. Ils m’avaient confié tous leurs souvenirs. J’ai gardé avec affection leurs trésors et leurs rêves. Je n’ai pas bougé, pas parlé, je n’ai rien révélé. Est-ce le moment de tout déterrer ? Pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi Paul n’est pas là ? J’espérais qu’ils reviendraient me voir ensemble.

Tiens, je suis toute mouillée ! Oh, Marie pourquoi pleure-t-elle ? J’entends sa voix triste qui murmure :

– Tout est encore là, dans notre petite boite en fer bleue. Nos photos, nos bricoles, nos babioles, nos rêves… Paul, tu me manques tellement…

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