drame - fiction sentimentale ou inspirée de faits réels,  humour

L’effervescente créativité de mes doigts agiles

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Seule, face à ma page blanche, je laisse mon esprit vagabonder. Pensive, j’essaye de me concentrer mais l’inspiration s’échappe. Je décide d’aller surfer sur le net à la recherche d’un fait ou d’une actualité. Les heures passent, mes épaules s’affaissent, le découragement m’envahit. C’est le néant absolu. 

Frustrée, je pars courir quelques kilomètres pour lâcher prise. Les premières foulées sont difficiles, et mon attention se fixe sur les battements de mon coeur qui s’accélèrent à chacun de mes pas. Au bout de quelques kilomètres, l’odeur des pins et du sous-bois emplit mes narines. Je me laisse porter par la nature. Mon imagination se met en marche : des idées surgissent, une scène se dessine, je visualise un décor, des personnages, un contexte.

Je les saisis. Un tourbillon jaillit alors dans ma tête. Une tornade de mots et d’événements apparait et une intrigue se met en place. J’amorce un court scénario un peu brouillon. Happée par cette éclosion, les kilomètres défilent sans que je m’en aperçoive !

Arrivée sur la plage, j’hume avec délice l’odeur de la mer qui m’apaise. Je laisse mes idées de côté quelques instants pour l’admirer. J’aime sa couleur changeante et nuancée tantôt bleue, grise ou verte, un véritable réservoir de peinture. Une vague de sérénité me submerge. 

À peine rentrée, je me précipite sur mon calepin pour griffonner les premières esquisses de mon texte. J’écris un rapide synopsis : « C’est l’histoire de Clélia qui, à 16 ans, a dû abandonner sa petite fille, Léa. Mariée et mère de famille à son tour, Léa éprouve le besoin de retrouver ses racines et de comprendre son histoire. Elle décide de partir à la recherche de ses parents biologiques et provoque leurs retrouvailles… »

Je fais quelques recherches sur google pour affiner la psychologie de mes personnages et pour ancrer mon histoire dans un contexte crédible :

  • La mère biologique, Clélia, 50 ans : À 16 ans, follement amoureuse de Julien, elle découvre qu’elle est enceinte. Ces parents décident de déménager pour l’éloigner de son amoureux. Elle accouche et se voit dans l’obligation d’abandonner sa petite fille. La distance et la vie l’éloignent définitivement de son amour de jeunesse. Elle ne parvient pas à construire une relation de couple stable. Elle va d’échecs en déceptions, jusqu’au jour où Léa frappe à sa porte…
  • Le père biologique, Julien, 52 ans, est un personnage secondaire : le lecteur le verra à travers les yeux de Clélia qui décrira leurs sentiments, leurs tentatives pour rester en contact, l’éloignement et la fin de leur histoire.
  • Léa, leur fille, partie à leur recherche. Elle retrouve sa mère, puis son père et provoque une nouvelle rencontre entre ses parents biologiques. C’est également Clélia qui la décrit avec émotion.

Ensuite, j’ébauche une chronologie et je structure les évènements :

  • Le jour J : le mariage de Clélia et Julien.
  • Un retour en arrière : Clélia raconte leur adolescence, la souffrance de la séparation, la décision des parents…
  • Puis, elle décrit les échecs de sa vie d’adulte, la nostalgie de son amour de jeunesse
  • Retour au jour J : sentiment de revanche, mélange de tristesse, de nostalgie, de colère et de joie.
  • La chute : Le lecteur découvre que Léa, l’enfant abandonnée, a réuni ses parents et qu’elle est présente à leur mariage. Forte émotion de Clélia qui prend conscience du temps perdu.

Quelques jours plus tard, je m’installe devant mon ordinateur et je pianote sur le clavier. Mes doigts s’agitent, la page se noircit. Le temps se suspend. Je ne pense à rien d’autre qu’à écrire. Mon idée prend vie avec frénésie. J’oublie mon plan, je laisse l’histoire m’engloutir, je fais corps avec mon personnage principal. Je suis emportée par le flot des mots qui filent à vive allure.

Au point final, un brin d’autosatisfaction m’arrache un sourire victorieux : « Yes ! »

Mais, lorsque je lis ce premier jet, l’excitation de la créativité s’interrompt brusquement. En prenant du recul et en observant d’un oeil critique cette première esquisse, l’effervescence de la rédaction retombe comme un soufflé qui sort du four. Le bouillonnement qui m’a transportée, n’a laissé place qu’à un brouillon mal dessiné. Le doute m’étreint. Dépitée, je ferme mon ordinateur d’un geste rageur.

Une semaine passe. J’imprime mon texte et je relis ma nouvelle à tête reposée :

« Finalement, ce n’est pas si mal ! Après quelques retouches, ça pourra le faire. Au boulot ! »

Mon enthousiasme retrouvé, je m’empare de mes stylos de couleur : rouge, vert, orange, rose, bleu ou violet. Je choisis lentement celui que je vais utiliser en premier. Ne pas gâcher la feuille mais la rendre plus belle. Mon travail d’ajustement commence. Je dessine des flèches, des traits, j’entoure des mots, je barre, je fais, je défais. Je coupe les phrases trop longues. Je taille ma nouvelle pour la rendre plus dynamique. Je retouche et corrige toutes les petites coquilles qui se sont glissées sous mes doigts agiles. Je démonte mes paragraphes pour faire monter la tension. J’agence les idées pour garder la cohérence et parfaire mon récit. Je développe certains passages tandis que j’en raccourcis d’autres. Je galbe mon histoire pour la rendre plus forte. Après plusieurs heures de travail et de réflexion, je remonte une à une toutes les pièces. Une dernière lecture et j’entreprends enfin la finition : la ponctuation, les accords, les synonymes pour éviter les répétitions.

Enfin, je me redresse et je reprends pied dans la réalité. Ma nouvelle est achevée prête à être publiée.

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