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Maitre ou esclave ?

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Au commencement, Dieu nous a créé, nous les chats, à son image. Enfin, c’est ce qu’il croit ! Quel prétentieux, il est ! Qui est-il pour décider de la manière dont nous allons mener notre vie ? Dieu, certes, mais c’est sans compter sur notre caractère rebelle et particulièrement têtu. Il n’a pas pensé que nous pourrions prendre le pouvoir et que nous serions prêts à tout pour satisfaire nos moindres envies. Comme nous refusons de nous plier à ses exigences de travail, de loyauté, d’honnêteté, de dépendance, et que sais-je encore, nous avons déployé une stratégie pour dicter notre loi.

Insoumis à l’autorité de Dieu et à son besoin de domination, nous avons décidé de ne plus rien faire. Nous sommes devenus paresseux. Nous nous contentons de lézarder au soleil, au coin du feu, en boule sur des coussins moelleux, ne daignant nous lever que pour subvenir à nos besoins primaires. Nous faisant alors chasseur, nous consentons enfin à bouger. Nos proies repérées, nous nous aplatissons contre le sol, nous mouvant seulement au ralenti, cherchant à minimiser le moindre bruit, pour surprendre notre victime. L’oreille aux aguets, nous nous concentrons sur cette tâche indispensable à notre survie. Une fois repus, nous retournons à notre occupation favorite : la sieste.

Dieu, désespéré de nous voir aussi nonchalants, a alors entrepris de concevoir une nouvelle créature pour nous inciter à agir et à prendre notre vie en main.

C’est ainsi que l’homme vit le jour. L’homme est un être social dont la vie doit avoir du sens. Il doit se sentir utile. Il met donc tout en oeuvre pour occuper son temps car il n’aime pas le vide. Pour cela, il invente tout un tas d’objet insignifiants voire inutiles mais qui satisfont son existence. Enfin c’est ce qu’il croit ! 

En réalité, l’homme se retrouve sous notre emprise et nous lui imposons sa conduite, son rythme et ses besoins. Il devient notre marionnette et nous tirons allègrement sur les ficelles. Pour obtenir gain de cause et nous faire comprendre, nous mettons en place des moyens de communication que l’homme devra décoder :

Quelqu’un pénètre sur notre territoire, nous poussons des miaulements rauques pour l’en chasser. Après tout, nous sommes chez nous ! 

Notre « maitre » tarde à nous donner des croquettes, nous remuons la queue frénétiquement pour manifester notre contrariété. Et l’homme, évidemment, se précipite pour satisfaire notre attente. 

Pour amadouer notre « maitre », nous nous frottons contre ses jambes, lui montrant ainsi notre attachement, et nous remuons la queue lentement de gauche à droite pour le saluer. Conquis et à notre merci, sans en avoir conscience, notre « maitre », pour nous récompenser, nous caresse. 

Se lover contre son corps tout en ronronnant sera notre ultime cadeau de reconnaissance. L’autorité de notre « maitre » fond comme neige au soleil. Il devient totalement fou de la petite boule de poil que nous sommes. Certains diraient même : « complètement gaga ! ».

Nous avons réussi. Nous avons trouvé une maison. Nous pouvons maintenant marquer notre territoire en nous frottant contre les murs et les meubles, déposant ainsi nos phéromones dans notre nouvel univers.

Revêches, nous nous faisons boudeur pour obtenir gain de cause. Nous miaulons fortement comme si nous nous fâchions contre ceux qui ne nous comprennent pas et nous leur tournons le dos pour montrer notre mécontentement.

Nous avons besoin de prendre de la hauteur alors nous grimpons aux rideaux manquant de tout déchirer. L’homme, en colère, hurle. Nous miaulons doucement en le regardant avec de grands yeux affectueux, la tête légèrement penché sur le côté pour nous s’excuser. Puis, nous nous déplaçons en crabe en faisant le dos rond. L’homme craque et nous pardonne tout !

En résumé, tantôt câlin, tantôt indifférent, nous jouons avec les émotions de notre « maitre ». 

Enfin « maitre » c’est le terme utilisé par l’homme pour qualifier notre relation… La réalité est tout autre.

Les hommes créatifs et innovants ont comblé tous nos besoins. Ils ont même anticipé nos désirs et nos envies. Ils nous ont offerts plus que ce que nous espérions : de la gamelle en plastique, nous sommes passés au distributeur de croquettes automatique ; la coupelle d’eau ou de lait s’est transformée en fontaine ; le simple panier avec un coussin près du radiateur a évolué en arbre à chat sophistiqué. Aujourd’hui, des hôtels pour chat ouvrent dans plusieurs pays. À quand les croquettes gastronomiques au foie gras ou au caviar ! 

Grâce à l’homme, nous pouvons continuer à fainéanter tout en profitant d’une vie de rentier qui fait pâlir d’envie tous les êtres humains. Que peut-on rêver de plus ? 

Le pire dans tout ça, c’est que l’homme, qui se dit notre « maitre », pense qu’il fait tout ça pour lui alors qu’il n’est rien d’autre que notre esclave. Un esclave malgré lui ! 

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