Nouvelle à chute

Reine d’un jour !

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Waouh !

Le Grand Palais est déjà en pleine effervescence. Tout le monde court dans tous les sens pour peaufiner les derniers réglages et accueillir les premières participantes. Il faut arriver tôt pour profiter de cette atmosphère mouvementée. 

Les prétendantes au titre débarquent petit à petit et s’installent dans les différentes loges qui leurs sont réservées. Elles disposent gris-gris et porte-bonheur en tous genres pour se rassurer. Toutes se sont préparées pendant de longs mois pour cette journée exceptionnelle : activité physique, brossage, régime, préparation du trousseau, cours de maintien et de marche. Rien n’est laissé au hasard.

Les membres du jury arrivent et le stress envahit les loges. Tour à tour, les concurrentes se présentent devant les juges qui les mesurent, les scrutent, examinent leur comportement et vérifient que leurs mensurations sont conformes aux critères de sélection. Certaines sont recalées. C’est l’heure des premières déceptions. Des sanglots étouffés filtrent à travers les portes closes. Entre tristesse et soulagement, l’ambiance des coulisses devient pesante.

Les candidates s’épient, se jaugent, s’observent du coin de l’oeil, ou se défient tout en cherchant dans le regard de leurs rivales une pointe d’admiration ou d’envie. Sauvages ou enjôleuses, elles marquent leur territoire et évaluent leur chance de remporter la victoireElles adoptent des attitudes très différentesCertaines se terrent dans leur loge et cherchent un coin pour se lover et se concentrer. Sous les caresses et les paroles de leur entourage, elles trouvent réconfort et encouragement. D’autres arpentent les couloirs pour tester leurs charmes : elles font face aux journalistes telles de vraies professionnelles et elles jouent avec les caméras en prenant des poses de starlettes. Enfin, les dernières, sous la pression des coachs, réalisent les ultimes ajustements.

Soudain, une agitation inhabituelle envahit les couloirs. Des pas précipités et des cris se font entendre.

– Que se passe-t-il ? demande un organisateur à un homme qui passe en courant.

– L’une d’entre elles a sorti les griffes, répond-il avec humour.

– Rien de grave ?

– Quelques égratignures provoquées par une petite rivalité de concurrentes. De vraies tigresses. On a l’habitude, s’exclame-t-il avec un clin d’oeil.

Sur ses talons, une jeune femme affolée sort d’une loge en hurlant :

– Ma petite Elsa a disparu. Elle n’est plus dans sa loge ! 

Un vent de panique souffle dans les coulisses et la nouvelle se répand comme une trainée de poudre. Tout le monde est à cran. Il ne manquait plus que ça à quelques minutes du défilé !  Tous se mobilisent pour la retrouver. La tension est palpable. Les recherches s’éternisent. Alors que le découragement commence à se faire sentir, Elsa réapparait tranquillement en se dandinant dans le couloir. Elle se jette dans les bras de la jeune femme soulagée qui l’embrasse frénétiquement. 

Sous la verrière du Grand Palais, la lumière des projecteurs inondent le podium d’un doux halo créant ainsi une ambiance feutrée. Le public, passionné et impatient, prend place. Des murmures envahissent la salle. Chacun y va de son pronostic sur la future gagnante. Au moment où la cérémonie commence, les chuchotements cessent et un silence religieux submerge la salle. 

Une à une, les concurrentes se présentent. Elles rivalisent de charme et de beauté.

Soudain, c’est la stupeur dans la foule : une sublime créature apparait.

Cette prétendante au titre est tout à fait exceptionnelle. Elle domine la salle de toute sa hauteur et illumine la scène de sa présence. Sa démarche féline et sensuelle hypnotise les spectateurs. Son corps racé, musclé et élancé dévoile une puissance gracieuse et révèle sa parfaite condition physique. Son profil est droit et majestueux. Son port de tête est altier. Ses yeux en amande avec des nuances vertes dorées balayent la foule abasourdie. Elle dégage une aura particulière : un subtil mélange de douceur, de force, d’assurance et d’élégance. Tous semblent prêts à applaudir mais les organisateurs, d’un signe autoritaire, leur font signe de se taire et de s’assoir. La fébrilité gagne l’assemblée.

Au moment de l’annonce des résultats, le public est en apnée. Les quelques secondes nécessaires à l’ouverture de l’enveloppe semblent une éternité.

Enfin, d’une voix solennelle, l’animateur annonce :

– À l’unanimité, les juges ont élu « Reine du jour », la magnifique femelle Maine-Coon nommée Nahla.

La foule se lève d’un bond pour laisser libre court à son enthousiasme tandis que Nahla, lovée dans les bras de son propriétaire, quitte la scène, arborant fièrement sa rosière autour du cou.

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