drame - fiction sentimentale ou inspirée de faits réels,  Nouvelle à chute

Rencontre à l’autre bout du monde

Temps de lecture estimé : 5 minutes

J’avais tellement espéré cet instant… Durant des mois, voire des années, j’avais rêvé de le rencontrer. Voilà que ce jour tant attendu était arrivé…

Eté 1989 : J’étais arrivée un samedi matin. J’avais réservé un hôtel avec spa et piscine pour profiter pleinement de ces quelques jours de vacances. Il était situé à proximité du fleuve. J’aimais bien l’idée d’être au bord de l’eau. J’envisageais de me promener le matin sur les berges tout en admirant le lever du soleil.

L’eau est chaque jour différente. Elle semble avoir un réservoir de couleurs qui va du bleu turquoise au gris en passant par des nuances de vert. Je ne me lasse pas de la regarder et d’apprécier tous ses changements.

Le dimanche matin, je me suis levée tôt pour aller découvrir la ville. Je suis arrivée devant les grilles du parc : il était là, devant moi, beau et élégant. Il m’attirait comme un aimant, il dégageait une force tranquille, une élégante puissance, je le regardais comme hypnotisée. Tout à coup, le temps s’est arrêté et mon cœur a été submergé par une immense vague de bonheur qui a tout emporté.

La foule se pressait autour de moi pour l’admirer, les gens me bousculaient pour s’approcher au plus près de lui. Ils accéléraient le pas pour être les premiers… Moi, j’étais seule au monde, insensible à l’effervescence de la foule qui s’agitait, qui parlait fort et criait son enthousiasme. Lentement, je me suis sortie de ma torpeur et j’ai commencé à remonter l’allée qui s’étendait devant moi.

Il était dressé là face à moi, il avait si fière allure. Il semblait regarder les gens avec un œil bienveillant et protecteur. Il était magnifique dans son costume blanc qui mettait en valeur sa grâce et son élégance. Le lever du soleil, le teintait légèrement d’orange et lui donnait encore plus de douceur et de chaleur. Dominant cette foule bruyante, il imposait respect et raffinement. Il était silencieux, insaisissable, mystérieux. Je continuais à avancer lentement, sans le quitter des yeux, en appréciant chaque pas qui me rapprochait de lui, en savourant ce moment pour le graver dans ma mémoire. Je m’imprégnais de chacune de ces secondes. Je prenais le temps de déguster ces instants pour ne pas en perdre une miette, pour ne jamais les oublier…

Lorsqu’on a ardemment souhaité que quelque chose arrive, qu’on s’est préparé à ce moment, on en apprécie encore davantage chaque minute. Pendant des années, j’avais élaboré des plans, imaginé cette rencontre, rêvé de le découvrir, et maintenant il était là. Je n’en croyais pas mes yeux ! Je devais prendre mon temps avant de l’approcher, il ne fallait pas qu’il m’échappe, je devais l’atteindre tranquillement, doucement. Je devais me détacher de cette foule, agir différemment, prendre le temps, et ne pas me précipiter. Les choses devaient être différentes pour moi. J’avais mis tellement d’énergie dans cette rencontre, je ne devais pas tout gâcher en me précipitant.

Je remontais l’allée, toujours aussi lentement… je me sentais comme en apesanteur. J’aurais voulu m’élever dans le ciel pour me détacher des autres, pour l’admirer de plus haut, pour apprécier chaque détail de son allure. Je retardais le moment d’être à ses côtés et en même temps, j’avais envie de le toucher, de le caresser, de me blottir contre lui pour sentir sa force et sa chaleur. Et cette foule pressante autour de nous qui ne cessait de s’agiter. Cette masse qui cherchait le meilleur angle pour le prendre en photo, pour faire un selfie ! Lui, il semblait totalement indifférent face à cette agitation. Altier, il restait là sereinement, il se laissait admirer, photographier. Et la foule continuait à s’avancer vers lui, à s’agglutiner autour de lui. Cela me rendait folle. Tous ces gens étaient en train de gâcher mon moment. Si je les laissais faire, je ne pourrais pas l’approcher, il fallait que je m’impose, que je sorte de ma réserve, de ma léthargie, si non il allait m’échapper.

Alors, je me suis réveillée, je suis revenue à la réalité. Moi aussi, je voulais le voir de plus près, je devais me frayer un chemin pour arriver devant lui. Alors, j’ai fait comme tout le monde. J’ai joué des coudes, j’ai bousculé ceux qui se trouvaient sur mon passage pour arriver à mes fins. Je voulais le toucher, le sentir, le caresser, lui murmurer tout ce que je ressentais, partager avec lui mon émotion. Ah, si on avait pu être seuls, juste tous les deux, notre rencontre aurait été encore plus belle.

Enfin, j’étais à ses côtés. Je pouvais me laisser envahir par son aura protectrice. Il était encore plus beau que ce que j’avais imaginé. Je pouvais sentir son rayonnement. Mes jambes se sont mises à flageoler, elles ne me portaient plus, mon émotion était trop intense. J’étais totalement tombée sous son charme. Il dégageait une telle force, une telle énergie que je me sentais en paix, arrivée à bon port. J’étais à ma place. Il me transmettait sa force, sa puissance et sa sagesse. Sa présence me réconfortait, m’inspirait. Je me nourrissais de son histoire, de son passé. Je me sentais si petite à côté de lui. Je ne sais pas combien de temps je suis restée là, à le contempler. Je n’arrivais pas à détacher mes yeux de lui, je ne pouvais pas me rassasier de l’admirer, je n’en avais jamais assez. A chaque regard, je découvrais de nouvelles choses sur lui.

J’ai réussi à faire abstraction de la foule qui se pressait autour de nous. Comme tous les amoureux, nous étions seuls au monde. Les autres, je ne les entendais plus, je ne les voyais plus, j’étais dans une bulle de bonheur que rien ne pouvait gâcher. Seul l’instant présent était important.

Submergée par mon émotion, les larmes se sont doucement mises à couler le long de mes joues. J’étais face à l’un des plus beaux moments de ma vie, si ce n’est le plus beau. Un moment que je n’oublierai jamais. Un moment où les émotions échappent à tout contrôle, un moment hors du temps, harmonieux, parfait.

J’étais face à un véritable joyau, face à l’une des sept merveilles du monde : Le Taj Mahal !

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