Souvenirs d’enfance enfouis…

Dans le placard

Les jeeps arrivent en trombe dans la cour, les pneus crissent ; paniqué, je me précipite dans la chambre ; les autres courent dans tous les sens et hurlent de terreur tandis que les pas des soldats allemands résonnent dans le hall ; je m’enferme dans un placard et me recroqueville dans un coin ; j’entends le bruit des bottes claquer sur le parquet, la peur étreint ma poitrine, je retiens ma respiration ; la porte s’ouvre brutalement, le soldat me fixe, je resserre l’étreinte autour de mes genoux, je le regarde effrayé et suppliant, il hésite puis referme la porte sans un mot.

Sous le lit

Ça se passait toujours de la même manière : la porte claquait, mon père hurlait de sa voix pâteuse, j’entendais des coups dans les murs, des bruits sourds, des sanglots étouffés, je me cachais sous le lit, je me bouchais les oreilles, je fermais les yeux en serrant mon doudou, le silence revenait, ma mère apparaissait les yeux rougis, elle me tendait la main, me prenait dans ses bras et me berçait doucement ; la tête contre sa poitrine, je percevais les battements de son coeur et je respirais son odeur, j’étais en sécurité, mais aujourd’hui, une sirène retentit et une lumière bleue clignote dans la nuit ; ma mère n’est pas venue.